19 juin 2007

Toute personnelle fin du monde

Pour les circonstances, j'ai sorti ce texte, paru sur mon "feu" premier blogue"... À l'époque, c'était dédié à ma p'tite soeur... aujourd'hui, ces lignes s'adressent à une amie qui a une place toute particulière dans ma vie.

***
On en a tous vécu une, comme ça... Une fin du monde si intime, si personnelle. Foncièrement convaincu que le dernier upper-cut servi par la vie ne nous permettra jamais plus de se relever. Une fin du monde personnelle parce que vue de l'extérieur, tout ça ne mérite qu'un "y'a toujours pire que ce qui t'arrive, ma p'tite" ou le traditionnel "tu t'en souviendras plus le jour de tes noces" (!!!)

Avoir l'impression de perdre pied, de glisser sans fin dans un trou sans fond. Avoir l'impression que sans l'autre, on n'existe plus. Avoir la conviction qu'on ne s'en remettra jamais et qu'on ne pourra passer au travers de cette épreuve. Ne plus voir de route au bout de nos pieds, lorsqu'on est assomé par l'impact.

Et puis il y a ces semaines, ces mois, avec la gorge nouée, la boule dans l'estomac. Ces matins qui se pointent inconditionnellement, sans qu'on arrive à trouver la justification à mettre un pied hors du lit ou de la maison. Ces journées passées à essayer de se rapailler du mieux qu'on peut, à se recoller les morceaux du coeur et de l'âme. Ces mois à tenter de se refaire des repères propres à soi. Ces soirs à s'endormir le coeur gros, le désespoir plein la tête, à le maudire, à le haïr, à lui souhaiter un "11 septembre" à lui aussi.

Pour finalement ouvrir les yeux, un matin, et se sentir différent. Pas nécessairement en meilleur état, mais avec moins de poids sur soi. Et se rendre compte qu'on respire un peu mieux que la veille. Que les yeux s'assèchent doucement. Que l'angoisse se dissipe également. Et surtout comprendre que notre fin du monde n'était pas si fin du monde que ça, justement. Comprendre que le temps fait toujours son oeuvre. Et être contraint d'admettre que, non, on ne crèvera pas de ce séisme.

Ce matin, j'ai vu des tulipes écloses... et j'ai réalisé que je vivais le printemps. Toute aussi personnelle qu'elle a pu l'être, ma dernière fin du monde n'a pas eu le dessus sur moi. Et même si je ne pensais pas dire ça, il y a encore quelques mois, je suis bien heureuse de les voir éclore, ces fameuses tulipes.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Wow, quel beau texte touchant!

Geneviève