03 novembre 2006

Redéfinition

Selon certains psychologues, le rang des enfants dans une famille est déterminant sur le caractère de ceux-ci. Chaque rang (aîné, cadet, benjamin) dictera, plus ou moins, la conduite des enfants. Voici comment on décrit l'aîné d'une famille, selon ces observations :

  • Ultra responsable
  • Très structuré
  • Grand besoin de performer
  • Perfectionniste et allergique à l'erreur
  • Désir de plaire et d'être conforme aux désirs d'autrui
  • Il donne, qu'il le veuille ou non, l'exemple
  • Souci de répondre aux attentes de ses parents (même les attentes non dites)
  • Sens aigü du devoir
  • Ambitieux
  • Gardien des lois
  • Ennemi acharné du changement
  • Coupé prématurément de son enfance.

Voilà pour la théorie.

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Je suis l'aînée de la famille, chez-moi. Et force est d'admettre que ces qualificatifs, je les possède tous, sans exception. Jusqu'à tout récemment, je vivais très bien avec ces traits de ma personnalité. Mais plus maintenant...

Je n'ai plus envie d'être ultra responsable. La structure, ça peut être bien, mais ça peut être limitatif aussi. J'en ai vraiment marre de sentir ce besoin de plaire, inconditionnellement. De ne pas livrer le fond de ma pensée quand j'en ai envie, parce que ça pourrait créer des torts. Parce que ça pourrait créer des froids. Parce que c'est pas correct de dire la vérite, juste la vérité, juste pour se "libérer". Savoir se la fermer, ruminer, digérer et oublier. Frustration garantie. Et à long terme... j'vous dis pas combien ça peut être pesant!

Je sais toujours ce qu'on attend de moi. Et en "grande-fille-qui-doit-montrer-l'exemple-parce-que-je-suis-grande-moi", je livre toujours la marchandise. Si on veut que j'écoute patiemment en hochant de la tête pour consentir, je le fais. Si on veut mon avis, je le donne, le plus sagement et le plus philosophiquement possible. Et surtout, en toute diplomatie. Si on veut que je m'efface, je le fais.

J'ai l'impression de prendre conscience de mon existence depuis quelques semaines. Quand même pas mal, ça m'aura pris trente ans pour y arriver! J'ai de moins en moins envie de faire plaisir à tout un chacun. J'ai de grandes envies de dire des vérités aussi vraies que blessantes. Je n'ai plus envie de tenir l'appartement impeccable, pour me prouver que je sais tenir maison. Je n'ai plus envie d'arriver au boulot à la première heure, pour démontrer à quel point je suis vaillante en faisant des journées interminables. J'aimerais ça être insouciante, voir un jupon qui dépasse sans en faire tout un plat.

Mais ce sont des "valeurs" tellement ancrées en moi, que je ne vois pas comment y parvenir. Opérer le changement, alors que c'est mon ennemi juré... plutôt paradoxal comme objectif. Le processus commence à s'opérer lentement. Je ne sais pas si j'arriverai à voir ce statut d'aîné, et les conséquences qui s'y rattachent, autrement que comme un carcan.

Chez-moi, on ne m'a pas appris à me rebeller. Seulement à me tenir tranquille et être raisonnable pour contenir et/ou limiter la rébellion de ma petite soeur. Maintenant que ma soeur s'est bien définie à partir (ou à l'inverse) de mon modèle, je crois que mon tour est venu maintenant...

Mais la grande question demeure...

Comment fait-on?!!