23 mai 2006

Se retenir à deux mains...

Se retenir à deux mains de taire ce qui nous brûle les lèvres...

Se retenir à deux mains d'enligner ces mots, si prudemment choisis, et les lui jeter par-dessus le coeur...

Se retenir à deux mains de tourner en dérision chacune de ses paroles...

Se retenir à deux mains d'avoir le coeur qui fait un bond à sa seule pensée...

Se retenir à deux mains de croiser son regard, une seule fois, la première fois...

Se retenir à deux mains...

21 mai 2006

Constat de la journée

Il peut s'avérer difficile d'être honnête avec les autres. Parfois, il est encore plus difficile d'être honnête avec soi-même...

04 mai 2006

Fiction

Tu m'inviteras à prendre un verre. C'était prémédité depuis quelque temps déjà, ne manquait plus que de couler le tout dans l'espace temps. J'accepterai, parce que je n'aurai pas eu le temps de me préparer une excuse bidon et surtout, parce que j'en aurai envie. Tu auras fixé l'heure et l'endroit de la rencontre, j'accepterai le tout, inconditionnellement. Je prendrai le soin de me préparer, car dans ta délicatesse, tu m'auras laissé le loisir de le faire. J'aurai des papillons dans l'estomac durant mon cérémonial, je retrouverai ce qu'on appelle la belle nervosité. Je parfumerai ma peau délicatement, espérant que mon odeur se grave dans ta mémoire pour une heure ou l'éternité. Je revêterai mon air assuré et filerai vers le lieu de rencontre.

Tu seras là, à m'attendre. Attablé devant ton verre, perdu dans tes pensées. J'aurai le luxe de pouvoir t'observer quelques secondes avant que tu ne me remarques. Je te détaillerai rapidement pour constater que mon souvenir est demeuré fidèle. Lorsque nos regards se croiseront, je te rendrai ton sourire en m'approchant de la table. Tu t'approcheras de moi pour me faire la bise, je retiendrai mon souffle. Je fermerai les yeux. Pour mieux ancrer tes lèvres sur ma joue. Je souhaiterai silencieusement que tu t'attardes, ouvrirai les yeux et prendrai place devant toi. Je boirai la même chose que toi. Je te laisserai entamer la conversation, trop heureuse de pouvoir entendre ta voix. Je jaugerai de la tangente que tu souhaites prendre, y sauterai à pieds joints, trop heureuse d'être dans ta mire. Je me gaverai de tes mots, de tes histoires, te livrant peut-être une partie de moi par le fait même. Je te laisserai toute la place, curieuse de tout de toi. On fera probablement de la philosophie de salon, histoire de débattre de certains points nébuleux l'un pour l'autre. Tes éclats de rire me redonneront confiance en autrui, me confirmeront que j'aurai bien fait d'accepter ton invitation. Le temps filera sans même qu'on s'en aperçoive, confirmant que la chimie est présente.

Lorsque ton regard quittera le mien pour faire un tour d'horizon, on remarquera qu'il est probablement très tard. Un coup d'oeil à nos montres, à contre-coeur, nous confirmant que le glas sonnera bientôt. On fouillera dans nos recours pour trouver une solution... La plus évidente sera problablement jetée du revers de ma main. J'ai fait mon apparition mais ne te laisserai pas te cristalliser dans mon décor. On règlera la note, en s'obstinant à savoir qui paiera, et on sortira dans l'air frais de la nuit. On bavardera encore un peu, là, dehors, pour finalement se dire qu'on remettra ça un de ces quatre. Je serai heureuse de me trouver dans la pénombre, pouvant ainsi dissimuler les étoiles au fond de mes yeux. Tu te pencheras vers moi pour m'embrasser sur la joue. Je crèverai peut-être d'envie de détourner la tête légèrement, pour t'obstruer le passage, mais je serai sage. Je te tendrai même la deuxième pour que tu me marques un peu plus. On se dira au revoir, l'air pas trop convaincu, plutôt résigné.

Je rentrerai chez-moi avec le sentiment d'être différente. Je porterai en moi quelque chose de retrouvé. Je ne trouverai le sommeil que des heures plus tard, après avoir repassé la soirée des dizaines de fois dans ma tête.

Et au matin, lorsque j'ouvrirai les yeux, l'envie de sourire me viendra spontanément. Puis, le rappel implacable de ton absence pour longtemps me laissera les mains vides. Et s'amorcera un sevrage de ta présence qui, jusque là, ne sillonnait pas mes veines...