16 avril 2007

Presque...

"Tu travailles toujours autant..."

Je tournais le dos à la porte de mon bureau quand j'ai entendu cette phrase, tes mots, ta voix. J'avais une main sur ma nuque, affairée à détendre les muscles de mon cou, histoire de pouvoir poursuivre le travail encore quelques heures.

J'ai eu peine à tourner les talons. J'avais très bien reconnu le son de ta voix, avant même de t'apercevoir dans l'embrasure de ma porte de bureau. Tu m'as fait un grand sourire et tu t'es installé dans le fauteuil libre. Mes yeux devaient laisser transparaître ma surprise. Et le plaisir de te revoir aussi. Mais j'étais plus déstabilisée que foncièrement heureuse. L'an passé, quand tu avais quitté les lieux, je ne croyais jamais te revoir. Et ça m'avait fait soupiré d'aise à l'époque.

"Comment tu vas?", que tu m'as demandé pour amorcer la discussion.

On a commencé à se perdre dans les banalités d'usage. Je prenais presque plaisir à te retrouver. Puis, la question qui me brûlait les lèvres a fini par tomber...

"Qu'est-ce que tu fais dans le coin?"

Et c'est là que t'as commencé à m'expliquer. Que la compagnie pour laquelle tu travailles avait décroché le contrat de la phase 2 des travaux. Que c'était logique puisque c'est vous qui aviez fait la première partie, l'été dernier. Que tu étais content de revenir dans le coin, parce que c'était un contrat à long terme et parce que...

Tu n'as pas terminé ta phrase. Et ton regard a quitté le mien pour gagner le sol.

"Est-ce que t'as finalement quelqu'un dans ta vie?", que tu m'as demandé, même pas innocement.

Et puis, c'est là que j'ai commencé à t'expliquer. Que non, j'avais personne dans ma vie parce que j'aurais plus jamais personne dans ma vie, au sens où toi tu l'entendais. Que c'était un choix qui me convenait parfaitement. Et que peu importe ce que les gens me disaient, y'aurait rien pour me faire changer d'idée...

"J'ai les six prochains mois pour m'appliquer à te faire changer d'idée... Bon, faut que j'y aille! À la prochaine!"

Merde!

Je n'ai même pas eu le temps de le dissuader.

Merde!

Six mois?!

Merde!

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Qu'est-ce qui est si grave s'il n'a aucune chance?

Si tu ne peux être atteinte et qu'il choisit de tirer quand même, t'as pas besoin de dire "merde"...

Anonyme a dit...

Cuuuuuuuuuuuuute !

Miss Ryvie a dit...

Ben coudonc...