20 septembre 2006

Pause

Depuis toujours, on s'est plu à me dire que j'étais quelqu'un de fort. Qu'aucun coup dur ne venait à bout de ma détermination, qu'aucune tuile n'arrivait à me clouer sur place, que toujours je savais retomber sur mes pattes, que je savais rebondir. Soit.

Depuis quelque temps, je me sens fragile. Terriblement fragile. J'ai l'impression qu'un souffle, qu'une simple brise pourrait me briser en deux, irrémédiablement. J'ai l'image d'un précipice se profilant au bout de mes pieds, une mince ligne à franchir pour tomber. Bas. Très bas. Sincèrement, je ne crois pas avoir eu autant peur que présentement. Je n'aime pas ce que je ressens, j'ai l'impression de ne plus avoir de contrôle sur ma propre vie. Aucune satisfaction en rien. Le bonheur des uns me rend cynique, caustique. Les malheurs des autres me laissent froide, quasiment heureuse de voir que je ne suis pas la seule à me battre contre des moulins à vent.

J'évite les contacts physiques, ayant l'impression que ma perte s'y trouve précisément. Une accolade, une étreinte qui voudrait se prolonger, et je sens que je me briserais. Je porte une lassitude qui s'éternise, qui m'amenuise. Je n'arrive même pas à déceler la provenance de ce malaise, de cette fatigue perpétuelle.

J'ai beau faire mon examen de conscience honnêtement, en toute lucidité, je n'arrive pas à cerner la source. Et ça me décourage doublement. Parce que je n'ai aucune espèce d'idée des outils à utiliser... Est-ce que la solution réside dans une bouteille de multi-vitamines ou dans un bureau de psy?

J'ai toujours été forte. Mais plus maintenant. La vulnérabilité devient lentement ma seconde peau. Le plus paniquant, c'est de sentir que si je me laisse emporter dans ce tourbillon, je toucherai un fond qui ne m'intéresse guère. Le plus angoissant, c'est de porter ça jour après jour, en tentant de continuer à être forte.

J'appuie sur la touche "pause"... le temps de rebondir, pour la enième fois.

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